Chaque artiste, en somme, devrait accomplir la mission assignée par Dante : explorer à la fois l'enfer et le paradis. L'Art authentique est en soi une conquête de l'esprit ; il élève l'homme à la dignité du Créateur, fait jaillir des ténèbres du destin un éclair d'émotion et de jouissance mémorable, une lueur de passion et de compassion partageable.
Par ses formes toujours renouvelées, il tend vers la vie ouverte en abattant les cloisons de l'habitude et en provoquant une manière neuve de percevoir et de vivre.
Dans son ouvrage de 1800 "système de l'idéalisme transcendental" Schelling met la vraie création artistique à la place suprême, au-dessus même de la spéculation philosophique. Il s'emploie à montrer que, avide de connaitre l'Absolu, l'Esprit, celui qui habite l'homme, s'engage dans une quête dont l'objet est la recherche de l'identité du moi et de celle du monde. Une identité supérieure où le moi et le monde coincident, seul l'art peut le réaliser. Car dans l'acte de création, l'artiste objective l'idée dans la matière et par là, subjective aussi la matière. Dans l'Art sont réunis les contraires apparemment irréconciliables que sont esprit et nature, sujet et monde, singulier et universel. Une oeuvre qui atteint la grandeur contient une infinité d'intentions et de virtualités ; elle est véritablement la figure de l'infinie dans le finie, seul lieu où les contradictions se résolvent dans l'apaisement. Schelling est à mes yeux, parmi tous les penseurs occidentaux, celui dont la vision sur l'Art est la plus proche de celle que nourrit les peintres-lettrés chinois, fondée sur l'idée du souffle, la notion d"identité absolue" possède quelque chose de trop fixe, de trop statique.
François Cheng
Cinq méditations sur la Beauté
Ed Albin Michel 2006
Par ses formes toujours renouvelées, il tend vers la vie ouverte en abattant les cloisons de l'habitude et en provoquant une manière neuve de percevoir et de vivre.
Dans son ouvrage de 1800 "système de l'idéalisme transcendental" Schelling met la vraie création artistique à la place suprême, au-dessus même de la spéculation philosophique. Il s'emploie à montrer que, avide de connaitre l'Absolu, l'Esprit, celui qui habite l'homme, s'engage dans une quête dont l'objet est la recherche de l'identité du moi et de celle du monde. Une identité supérieure où le moi et le monde coincident, seul l'art peut le réaliser. Car dans l'acte de création, l'artiste objective l'idée dans la matière et par là, subjective aussi la matière. Dans l'Art sont réunis les contraires apparemment irréconciliables que sont esprit et nature, sujet et monde, singulier et universel. Une oeuvre qui atteint la grandeur contient une infinité d'intentions et de virtualités ; elle est véritablement la figure de l'infinie dans le finie, seul lieu où les contradictions se résolvent dans l'apaisement. Schelling est à mes yeux, parmi tous les penseurs occidentaux, celui dont la vision sur l'Art est la plus proche de celle que nourrit les peintres-lettrés chinois, fondée sur l'idée du souffle, la notion d"identité absolue" possède quelque chose de trop fixe, de trop statique.
François Cheng
Cinq méditations sur la Beauté
Ed Albin Michel 2006
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