Par Tran Nghi de l'association des Vietnamiens de France
Revue de presse Hu Jintao à Paris
Les commentaires de la presse française, vendredi 5 novembre, sur la visite du président chinois.
LE FIGARO -Pierre Rousselin"(...) La France ne peut rester à l'écart du premier marché mondial, où se dessine l'avenir des grandes entreprises internationales, dans l'automobile, l'aéronautique, l'énergie, les infrastructures, les produits de consommation. Depuis 2008, les effets de la crise ne sont pas étrangers au nouveau réalisme de nos relations avec Pékin. Au lieu de céder aux critiques faciles, ou bien à la crainte d'un "péril jaune" plus imaginé que réel, l'heure est venue de s'attaquer, sans états d'âme, aux défis que nous présente la Chine. La France n'est pas dépourvue d'atouts. La moisson de contrats annoncée hier est là pour le rappeler. Mais puisqu'il s'agit aussi du G20, l'occasion est venue de rappeler que les relations privilégiées établies il y a quarante-six ans entre Paris et Pékin ne se limitent pas aux affaires commerciales. Sur la scène mondiale, les convergences ne manquent pas. Elles se manifesteront au sein du G20, où la Chine est décidée à défendre ses intérêts sans se laisser enfermer dans un face-à-face trop exclusif avec les États-Unis. Nicolas Sarkozy a une carte chinoise à jouer s'il peut convaincre Hu Jintao de jouer la carte de la France."
LA CROIX - Dominique Quinio"(...) Son rôle paraît aujourd'hui d'autant plus fort que la défaite électorale d'Obama a fait la preuve de l'impact de la crise sur les Américains et illustre les difficultés de Washington à relancer la machine.Cette faiblesse, réelle, outre-Atlantique s'appuie pourtant sur une force essentielle : elle se révèle parce que l'exercice démocratique lui permet de s'exprimer au grand jour. Dans une Chine au développement gigantesque, tous les citoyens ne sont pas gagnants dans la course effrénée à la richesse. Comment, sans liberté d'expression, appréhender leurs doutes, leurs interrogations ? Où peuvent-elles s'exprimer, ces frustrations dont les dissidents témoignent ? Le couvercle ne peut indéfiniment étouffer la parole. Le colosse est fragile. Risque ou opportunité, la Chine ? Cela dépend de qui l'on parle, et à qui l'on parle."
LA VOIX DU NORD - Hervé Favre"(...) Hier soir à l'Élysée, ce devait être la fête pour Airbus, Areva et Total, grands bénéficiaires annoncés des contrats apportés dans sa valise par M. Hu qui n'est pas un ingrat. Pour les géants français de l'aéronautique, du nucléaire et de l'énergie, ce retour en grâce sur le marché chinois est indispensable pour pouvoir continuer à jouer dans la cour des grands face à leurs concurrents américains ou allemands. Nicolas Sarkozy a une autre bonne raison de soigner son hôte chinois. À quelques jours de prendre la présidence du G20 au sommet de Séoul, il veut convaincre la Chine de le suivre dans ses objectifs de refonte de la gouvernance économique mondiale et de réforme du système monétaire. Ce n'est pas gagné car les dirigeants chinois détestent au moins autant les appels à réévaluer leur monnaie que les appels à libérer leurs prisonniers politiques ! Lors de sa première visite en Chine fin 2007, Nicolas Sarkozy avait déjà mis le sujet sur la table dans un langage très direct, avec le succès que l'on sait Pas plus que les États-Unis, la Chine n'est prête à renoncer à l'arme de la dévaluation pour doper ses exportations et inonder le marché européen."
PARIS NORMANDIE - Michel Lepinay"(...) Alors pourquoi la relation entre France et Chine paraît atypique ? Pourquoi Nicolas Sarkozy est-il, seul ou presque, montré du doigt dans cette dérive générale realpolitique ? Sans doute à cause du combat de Tartarin qu'il avait semblé vouloir mener contre la Chine au moment des jeux Olympiques, quand il considérait qu'un chantage sur sa présence à Pékin pourrait aider les Tibétains. Sans doute aussi à cause de la nature même de nos relations économiques avec Pékin. Nous ne vendons pas à la Chine, comme les Allemands, des machines outils indispensables à leur essor économique. Nous vendons, ou tentons de vendre, principalement, des centrales nucléaires, des avions, des TGV... Bref d'énormes contrats qui se signent le plus souvent entre chefs d'Etat. Et nous en sommes donc, politiquement, d'autant plus exposés. Un mot de travers face à Hu Jintao,et c'est la ruine du commerce extérieur français. Chirac l'avait compris, et avait accepté le rôle de modeste VRP. Alors déroulons les tapis rouges, et admettons une bonne fois pour toutes que les gouvernements nationaux ne sont pas les mieux placés pour faire progresser les droits de l'Homme... chez les autres."
REPUBLICAIN LORRAIN - Philippe Waucampt"(...) Au-delà de ces contrats bienvenus - mais dont la finalité reste encore à discuter en raison des transferts de technologie qu'ils impliquent -, le réchauffement avec Pékin a un goût d'autant plus amer qu'il sert en premier lieu des objectifs de politique intérieure. Sans même occulter la rétrogradation de notre statut diplomatique, passé en trois ans du partenariat politique fort au clientélisme pur et simple, il a pour conséquence de faire ressortir le besoin de l'Elysée d'un affichage vigoureux sur la scène internationale afin de permettre au chef de l'Etat, via sa présidence du G20, de retrouver une stature en vue de 2012. Les succès de politique étrangère n'ont jamais eu la moindre influence électorale. Penser que Nicolas Sarkozy en est réduit à cela démontre combien sa situation est devenue précaire."
L'EST REPUBLICAIN - Remy Godeau"Confucius l'a dit : la vraie faute est celle que l'on ne corrige pas. Pour effacer l'affront fait à la Chine en 2008, Nicolas Sarkozy n'a pas lésiné. Un silence calculé après le Nobel de la paix du dissident Liu Xiaobo, un protocole antidérapage sur mesure pour la visite du président Hu Jintao, un discours consensuel en diable. Tout a été fait pour que le rabibochage tourne à la lune de miel. L'erreur à moitié effacée ne suffira pas à briser une méfiance réelle. Qu'importe! Pékin est prêt à donner l'illusion d'une réconciliation, sous une pluie de contrats à plusieurs milliards d'euros. D'abord par intérêt économique. La Chine vise des partenariats dans l'aéronautique et le nucléaire, secteurs dont elle entend vite maîtriser les technologies avec l'aide -aveugle- de l'Occident! Et puis par stratégie diplomatique. Parce qu'il va prendre la présidence du G20, le chef de l'État français n'est pas sans utilité."
LA REPUBLIQUE DES PYRENEES - Jean Marcel Bouguereau"(...) Comme disait la chanson " Money, money ", sera le mot d'ordre de cette visite présidentielle. Trois heures après avoir atterri les premiers entretiens, à 17H00, seront suivis d'une séance de signatures d'accords commerciaux dont le montant "sera de loin plus important que lors des précédentes visites des dirigeants européens à Pékin ou chinois à l'étranger", d'après l'Elysée. On a mis les droits de l'homme dans la poche avec un mouchoir par-dessus. Déjà lors de l'attribution du Prix Nobel de la Paix de nombreuses ONG avaient reproché à Sarkozy d'avoir délibérément omis de féliciter Liu Xiaobao, pour ne pas froisser son invité. Dans le même style, il n'y aura pas de conférence de presse commune : Aucune question gênante ne sera posée.(...) Finalement, la question de l'ouverture de ce pays met en cause la définition de la Chine, mais aussi celle de la société mondiale actuelle. Car il n'est pas si aisé de concevoir de façon autre qu'instrumentale l'ouverture à un monde qui s'organise autour des inégalités de puissance et des arrangements marchands."
COURRIER PICARD - Didier Louis"(...) Inutile donc de se perdre en conjectures sur la place occupée dans les conciliabules par le sort du dissident chinois emprisonné. Le fait est que Nicolas Sarkozy, contrairement à l'Allemagne chez qui la franchise diplomatique n'empêche pas le business, est resté silencieux quand le Nobel a été décerné à Liu Xiaobao. Le fait est qu'il est passé de la fermeté à l'empathie. De ce partenaire, il veut aussi faire un allié pour sa présidence du G20. Pragmatisme économique, cynisme politique ? La France est un nain pour le géant chinois. Nicolas Sarkozy entend rattraper le retard, engranger les contrats. La France n'a pas le choix ; ses entreprises ne peuvent rester à l'écart du premier marché mondial. C'est le vainqueur de la globalisation qui est reçu en grande pompe à Paris."
LA NOUVELLE REPUBLIQUE DU CENTRE OUEST - Olivier Pirot"(...) En ces temps de conquête chinoise tous azimuts, le président français ressemble à une cible parfaite pour Hu Jintao et son parti. Non pas que la popularité de Nicolas Sarkozy soit repartie à la hausse mais parce que la France préside le prochain G20. Un sommet des pays les plus puissants du monde où notre chef d'Etat mais aussi l'Empire du milieu veulent briller. Le pensionnaire de l'Elysée aimerait bien imposer sa marque sur ce rendez-vous. Le rendre historique et pourquoi pas y devenir celui qui aura moralisé l'économie mondiale. Nicolas Sarkozy s'est battu, dit-on, pour que la France obtienne la présidence du G20. Et les récents échanges, les accords entre la France et la Chine pour garantir la venue de Hu Jintao en France pourraient laisser croire que l'Elysée est également prêt à tout pour réchauffer les relations sino-françaises. (...) Face à une Chine toute puissante, la voix de la France pèse de moins en moins. Nicolas Sarkozy a besoin d'un soutien de la Chine lors du prochain G20 pour que ses ambitions aient une chance de s'y réaliser. Et Pékin le sait bien."
CHARENTE LIBRE - Jacques Guyon"(...) Et les droits de l'homme dans tout ça ? Une heure avant de recevoir le président chinois, Nicolas Sarkozy a expliqué: "ce n'est pas en reprochant aux gens les choses qu'on fait avancer les dossiers, c'est en essayant de les comprendre que eux vous comprennent aussi". On ne saurait être plus... clair. Ou plus cynique. Certes, nous n'allons pas plus aujourd'hui qu'hier tomber dans cet angélisme béat qui aimerait à croire qu'on ne pourrait parler qu'avec des dirigeants fréquentables ou qu'on ne saurait faire de business qu'avec les pays dûment labellisés démocratiques. La façon dont notre pays prétend trop souvent dicter, du haut de son héritage des Lumières, leur conduite aux autres nations est souvent à la fois contre-productive et risible. Pour autant, ce qui trouble aujourd'hui c'est moins le réalisme cynique de Sarkozy que son changement radical d'attitude. Entre les coups de menton provocateurs et le silence assourdissant, il y a pourtant de l'espace pour tenter de convaincre sans insulter l'avenir. Obama ou Merkel l'ont démontré. Cela demande une cohérence. Donc des convictions qui ne soient pas à géométrie variable."
L'ALSACE-LE PAYS - Erwan Quéré"(...) On entend déjà protester les "droits-de-lhommistes", qui dénoncent la "realpolitik" de Paris, le reniement de ses idéaux historiques, au profit de juteux contrats et du soutien politique de la Chine à la présidence française du G20, à partir du 12 novembre prochain, que Nicolas Sarkozy compte bien mettre à profit pour faire remonter sa popularité auprès de ses concitoyens. Certains comparent aussi l'attitude de la France à celle de l'Allemagne. Berlin n'a jamais passé sous silence ses divergences avec Pékin, tout en faisant des affaires avec la Chine : ainsi, au premier semestre de cette année, les exportations allemandes vers l'Empire du Milieu ont atteint plus de 25 milliards d'euros. Bien plus que les contrats mirifiques annoncés hier soir ! Et puis, un pays, dont le pouvoir est soupçonné, entre autres, de faire espionner les journalistes qui enquêtent sur des affaires pouvant l'atteindre, ou de se servir d'une minorité comme bouc émissaire dans le but de détourner l'attention de l'opinion publique, peut-il se poser en donneur de leçons ? Le silence est d'or, paraît-il. Aujourd'hui, en tout cas, il a un prix: vingt milliards de dollars..."
LE TELEGRAMME - Hubert Coudurier"Quatre cents manifestants au pied de la Tour Eiffel, et en faveur des droits de l'Homme en Chine, ne vont pas ébranler Nicolas Sarkozy qui a résisté, pour l'instant, aux manifs beaucoup plus nombreuses contre la réforme des retraites dans toute la France. Mais peut-on vraiment reprocher au président de la République de recevoir le représentant d'un pays d'un milliard trois cent millions d'habitants que la France fut la première à reconnaître sous le général De Gaulle? (...) Faut-il lui reprocher de ne pas avoir salué l'attribution du prix Nobel de la Paix au dissident Liu Xiabo pour ne pas compromettre la signature des contrats mirifiques que nous promettrait l'Empire du Milieu? Réputés durs en affaires, les Chinois ne respectent pas ceux qui se couchent devant eux dit-on. Et l'on prête aux Allemands la capacité de ne pas mâcher leurs mots tout en faisant des affaires. C'est aussi le cas des États-Unis qui vendent des armes à Taïwan comme en Chine populaire. La France serait le maillon faible en Europe, voilà pourquoi les Chinois seraient plus exigeants avec Paris qu'avec les autres capitales, ne tolérant pas la moindre provocation"
LA PRESSE DE LA MANCHE - Jean Levallois"(...) Ce voyage s'inscrit dans un calendrier particulier. En venant resserrer les liens de la Chine avec la France, le président Hu Jintao vient aussi préparer avec Nicolas Sarkozy, la prochaine réunion du G20 dont la présidence, pour un an, sera confiée dans quelques jours au président français. Or, sans rien casser, il est clair que le G20 est le cadre dans lequel la Chine et les principaux pays du monde ont à travailler en commun pour éviter les crises, résoudre celles qui surviennent, et construire une organisation mondiale plus solidaire. Ce qui nécessite des efforts techniques de tous, mais aussi des évolutions politiques sur le respect des personnes et des idées. Une manière d'aborder, au-delà de l'économie, les droits de l'Homme. Très vite, en effet, chaque membre du G20, à supposer que ce ne soit déjà le cas, comprendra qu'un équilibre mondial ne peut se réaliser sans une part d'éthique commune."
(Nouvelobs.com)
Et pour les photos de la manifestation du 4 novembre 2010, lors de la venue de Hu Jintao c'est ici sur ma page facebook :