dimanche 23 juin 2013

Lettre de Paul Watson



Le premier jour de l’été 2013

Le 21 juin 2013

Par le fondateur de Sea Shepherd, Paul Watson

Aujourd’hui, c’est le premier jour de l’été, et cela fait maintenant quatre saisons complètes que je suis en exil, sans pouvoir rentrer chez moi.

Cette année a été riche en évènements, mais ce qui est plus important, c’est qu’elle nous a beaucoup récompensés.

Les volontaires passionnés de Sea Shepherd ont sauvé 932 baleines pendant l’Opération Tolérance Zéro dans l’Océan Austral, y compris 50 rorquals communs, qui sont en danger d’extinction. Et nos volontaires ont sauvé des vies dans le monde entier, depuis Taiji au Japon jusqu’à l’Île de la Réunion dans l’Océan Indien, en passant par la côte brésilienne dans l’Atlantique sud et les Galapagos dans le Pacifique.

Beaucoup de baleineaux nés au printemps au large de l’Australie, de Tonga ou de la Nouvelle Zélande ont pu naître grâce à l’intervention de Sea Shepherd. C’est ce qui m’a apporté le plus de joie cette année.

Mais je pense que le plus gratifiant, c’est la prise de conscience croissante que Sea Shepherd Conservation Society n’est pas une organisation centralisée. C’est un mouvement global.

Ce que j’ai créé en 1977 est maintenant un mouvement qui vit de sa propre dynamique, avec des milliers d’hommes et de femmes pleins de passion et d’imagination, faisant ce qu’ils peuvent avec les ressources dont ils disposent pour défendre et protéger nos océans.

Et cela, nous le faisons sans violence et avec efficacité.

A bien des égards je pense que ce fut une bonne chose que, sous la pression japonaise, j’aie été obligé de m’exiler du mouvement que j’ai créé. Le résultat, c’est que je n’ai jamais vu autant de gens se lever dans le monde, s’engager dans des campagnes pour protéger toutes sortes d’espèces depuis les pouces-pieds et les concombres de mer jusqu’aux requins, aux tortues et aux baleines.

Une seule personne ou une seule organisation ne peuvent pas changer le monde, mais un mouvement qui vit et évolue en permanence, qui encourage les individus à agir, à lancer des campagnes et des idées et à mettre en œuvre leur courage et leur sens de l’initiative face aux forces de la destruction globale et océanique peut, lui, changer le monde.

Le mouvement Sea Shepherd est fort, il est global, il est en train de croître, et il continuera certainement à vivre sans moi.

Ces sociétés et ces gouvernements qui montrent tant de volonté de détruire la vie dans nos océans doivent comprendre qu’il y a des millions de gens qui vont défendre les espèces et les habitats en danger, protégés et menacés.

Nous continuerons à nous battre contre les baleiniers, les tueurs de phoques, les braconniers de tortues et de poissons, ceux qui tuent les requins pour prendre leurs ailerons ou qui polluent les mers, devant la justice et devant les médias.

Le mois dernier, Jairo Mora Sandoval, un jeune défenseur de la nature protégeant les tortues de mer au Costa Rica, a été assassiné brutalement. Il n’avait que 26 ans. Comparé à ce sacrifice, mon exil et les procédures judiciaires en cours contre nous sont relativement mineurs.

Ils peuvent prendre nos biens, notre argent, notre liberté, mais ils ne peuvent pas nous enlever notre passion et notre dévouement pour la défense de la vie et de la diversité dans les océans. Et s’ils prennent nos vies, comme ils l’ont fait pour Jairo, nous devons leur faire savoir que nous sommes prêts à mourir pour défendre la vie et la diversité dans les océans.

C’est une affaire sérieuse. Défendre la diversité dans les océans est la cause la plus importante de la planète. Plus importante que de soigner le cancer, ou de vaincre le terrorisme, plus importante que tout ce que nous pouvons imaginer, parce que l’océan est à la base de notre vie, et que sans l’océan nous mourrons, tous.

Et c’est pour cela que c’est un mouvement qui transcende toutes les différences culturelles, sociales ou politiques, car il nous concerne tous, même ceux qui sont trop ignorants des choses de l’environnement pour comprendre la toile fragile des vies interdépendantes qui maintient tout le système global de la vie.

Si, au cours du siècle dernier, des millions sont morts dans des guerres pour défendre la propriété privée et les puits de pétrole, je pense que tout risquer pour défendre l’avenir de la vie dans les mers et donc notre propre survie est bien plus noble.

S’il y a un seul message que j’ai tenté toute ma vie de transmettre, c’est simplement celui-ci : si les océans meurent, nous mourrons !

C’est un mouvement pour la vie et un mouvement contre la mort, un mouvement pour l’avenir et contre la rapacité et les visions à court terme.

Tout ce que nous faisons a des effets, positifs ou négatifs, sur l’avenir, et l’avenir de tous les gens et de tous les animaux encore à naître est déterminé par nos actions.

Et en ce qui concerne ma situation personnelle, je suis libre en mer, et cela n’a pas été désagréable. En fait cela a été une vraie aventure. J’ai traversé trois océans jusqu’à l’autre bout du monde, sans papiers ni tracasseries. J’ai pu nager avec les requins et les tortues, observer les baleines, les dauphins et les albatros, voir chaque jour le soleil se lever et se coucher, sentir le vent dans mes cheveux et le goût du sel sur mes lèvres.

Je ne me suis jamais senti si merveilleusement vivant qu’au cours de l’année qui vient de s’écouler. J’ai des amis et des sympathisants, une famille qui me soutient, et aussi des ennemis pour me garder fort et vigilant.

En résumé, j’ai tout ce dont j’ai besoin pour être heureux et en sécurité. Cela me laisse aussi du temps pour écrire.

Demain sera le jour de l’année où la lune est le plus proche de la terre. La nuit, la galaxie fait tourner des dizaines de milliers d’étoiles à travers le ciel. Chaque jour révèle de nouvelles formes de nuages, et de nouvelles expériences avec les vents et la météo. La vie est merveilleuse et c’est un trésor qu’il faut apprécier jour après jour.

Alors, à vous tous, guerriers Sea Shepherd du monde entier, tout ce que je peux vous dire, c’est que vous faites un job incroyable pour défendre la vie dans les océans et sur la planète. Même si je ne peux pas être avec vous, si je ne peux pas vous parler directement, je suis, et serai, toujours, avec vous tous.


Traduction du texte sur la photo : « Rappelez-vous, toujours, que le propre d’un guerrier est d’agir. Ne vous laissez pas intimider par la force formidable de l’opposition. Ne vous laissez pas démoraliser par des prédictions pessimistes. Un vrai guerrier doit se réjouir face au défi, et transformer l’impossible en possible. Puisque vous vivez en ces temps difficiles, c’est votre devoir d’affronter les situations créées par l’ignorance et l’indifférence humaines, et d’agir par amour de l’avenir, et de tous les enfants, de tous les enfants de toutes les espèces. Paul Watson»




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