lundi 16 juillet 2012

Manifestation pour le Tibet - Vendredi 13 juillet 2012

Manifestation pour le Tibet à Paris, vendredi 13 juillet 2012 près de l'ambassade de Chine - organisé par Etudiants Libres pour le Tibet.

Solidarité avec les tibétains. Il y a un milliers de moines, entre 200 à 300 nonnes dans les prisons au Tibet, bien entendu ils sont violentés et surement torturés... de plus 43 immolations depuis 2009 pour protester contre la repression chinoise au Tibet. 





















Article du courrier international, 10 juillet 2012

Les immolations, “une forme de protestation politique”

Tous les autres modes de contestation ayant échoué, "les Tibétains continueront à s’immoler tant que la Chine ne changera pas sa politique". De passage à Genève, le tibétologue américain Robert Barnett, internationalement reconnu, livre au quotidien Le Temps sa vision de cette crise sans fin.

Que signifient les immolations en série au Tibet ?
ROBERT BARNETT Nous sommes dans une crise sérieuse. Les tentatives de dialogue entre le dalaï-lama et la Chine sont au point mort. Le chef spirituel des bouddhistes tibétains lui-même a déclaré que toute discussion est futile et ses représentants ont démissionné [en juin]. Les immolations par le feu de Tibétains sont le signe d’un développement très grave de la situation. Nous n’avions jamais vu cela auparavant. Elles véhiculent un message politique d’une force telle que ni les autorités tibétaines ni Pékin ne savent comment y répondre. Les autorités chinoises ont adopté une ligne dure dont elles ne peuvent dévier sans risquer de perdre la face. Pour le dalaï-lama, il est très difficile d’agir depuis qu’il s’est retiré des affaires politiques pour laisser la place à un gouvernement laïc. Il revient à cette nouvelle entité de prendre en charge la situation.

Comment expliquez-vous que les Tibétains aient opté pour cette forme de protestation extrême ?
Les immolations se sont développées comme une forme de protestation politique, parce que les autres modes de contestation ont échoué. Si une manifestation connaît des débordements, elle offre une occasion supplémentaire aux Chinois de réprimer les contestataires. En retournant la violence contre eux seuls, les Tibétains ont trouvé un moyen de protester en évitant tout dommage collatéral.

Ce nouveau mode de protestation est-il efficace ?
Les immolations ont un effet symbolique et mobilisateur, parce que ce geste va puiser dans les racines profondes du bouddhisme. Ceux qui commettent cet acte ont le sentiment de se dévouer totalement à la communauté. C’est un acte culturel, il n’y a pas d’agenda politique derrière, mais quelque chose de bien plus important : préserver l’identité, la culture, le langage, la religion du Tibet. Les Tibétains ont ainsi choisi une méthode de protestation très intelligente et efficace.

Comment ce geste est-il perçu par le bouddhisme tibétain ?
Il y a déjà eu des cas de suicide de moines, mais ils sont rares et restent cantonnés aux cercles privés. Le bouddhisme interdit de s’ôter la vie si c’est un acte motivé par des raisons égoïstes. Mais on trouve dans les textes anciens quelques cas très symboliques de sacrifice, synonymes de dévouement total. Le dalaï-lama lui-même paraît divisé sur cette question. Partisan de la non-violence, il n’approuve pas que des personnes se donnent la mort, mais il reconnaît que ceux qui se sont immolés l’ont fait pour la communauté tibétaine.

Pourquoi les immolations ont-elles lieu surtout en périphérie de la région autonome du Tibet ?

Les politiques répressives de la Chine y sont arrivées plus tard et de manière plus brutale. Jusqu’en 1990, alors que la région autonome du Tibet était totalement sous le contrôle de Pékin, les communautés tibétaines en périphérie [situées dans le Tibet historique] cohabitaient plutôt tranquillement avec le Parti communiste. Au début des années 2000, la Chine a décidé d’appliquer la même ligne dure à ces régions. En 2006, les dépenses par personne pour la sécurité dans les préfectures tibétaines de la province du Sichuan étaient cinq fois supérieures à celles dans les préfectures non tibétaines de cette même province. Puis, dès 2008, l’année où ont éclaté des protestations dans la région autonome du Tibet, l’étau s’est encore resserré. 
Pékin a envoyé 21 000 cadres du Parti dans 5 400 villages à des fins de propagande. Les photos du dalaï-lama sont désormais bannies, les cadres du Parti communiste se sont installés dans les monastères pour imposer aux moines des séances de rééducation patriotique où ils doivent porter allégeance au Parti communiste et renier leur chef spirituel. On peut voir un lien direct entre les interventions extrêmes des autorités chinoises et les immolations : la répression crée des protestations qui engendrent plus de répression. C’est un cercle vicieux. Les immolations continueront tant que la Chine ne changera pas sa politique.

Quelle est la position de la communauté internationale ?
C’est un sujet extrêmement sensible. Le Tibet représente un quart du territoire chinois et une zone tampon entre deux puissances nucléaires : l’Inde et la Chine. Les diplomaties étrangères ont des bonnes raisons de se sentir concernées. Ce n’est pas seulement une question de droits de l’homme, mais aussi de sécurité régionale. La communauté internationale doit créer un mécanisme afin de rétablir un dialogue privé entre la Chine et le dalaï-lama. Le problème tibétain est un conflit de niveau faible. Il ne s’agit pas d’une guerre, il n’y a pas de tuerie. Mais, avec la radicalisation que l’on observe aujourd’hui, il devient de plus en plus difficile de rétablir le dialogue. Le dalaï-lama va bientôt mourir [il vient de fêter son 77e anniversaire] : sans leader spirituel, le nationalisme tibétain ne va pas s’éteindre, mais la situation sera encore plus difficile à résoudre. Si Nelson Mandela était mort plus tôt, l’Afrique du Sud aurait connu bien plus de difficultés.

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